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Vendredi 06 mars 2009
Bertrand Gazel, porteur du projet de l'association Récup'acteurs, devant le hangar de 400 m² où sera installée prochainement une recyclerie. Les travaux devraient débuter en juin.( photo S. L.)
Il y a des réalités faciles à oublier. Tellement invisibles. Comme celle des sites d'enfouissement de déchets, souvent méconnus du grand public. Des monstres de ferraille, de plastique et de bois finissent leur vie dans ces centres dits de stockage des déchets ultimes (CSDU). Chaque année, ce sont des dizaines de milliers de mètres cubes d'encombrants ménagers qui sont enterrés tels quels sous terre. Le site de Milhac-d'Auberoche, qui s'étend sur 35 hectares, engloutit ainsi quelque 100 000 m³ de déchets par an. À ce rythme, il sera saturé en 2010.
Ignorance ? Culpabilité refoulée ? À la psychanalyse des consommateurs, une dizaine de personnes ont préféré l'action. L'association Récup'acteurs est née fin février à Saint-Julien-de-Lampon et, déjà, elle accouche d'un énorme projet. Prochainement, elle va créer une « recyclerie-ressourcerie » sur la zone de Vialard, juste à la sortie de Sarlat (1).
Meubles relookés
Cette structure associative triera et collectera tous les déchets qu'elle pourra recycler et revendre (meubles, ustensiles, vaisselle, outillage, jouets, etc.). Elle interviendra sur les six déchetteries gérées par le Sictom du Périgord noir, ainsi que chez les particuliers sur rendezvous.
Au fil des mois, le tri sera plus sélectif. Les employés, en fonction de leurs compétences, jaugeront mieux quels objets pourront être revalorisés et susceptibles de trouver acquéreur après un relookage. Une activité qui rappelle sensiblement celle des compagnons d'Emmaüs.
« La démarche est avant tout environnementale, insiste Bertrand Gazel, porteur du projet. Il faut en finir avec cette logique de consommation effrénée. »
Cet écolo convaincu pointe l'incohérence de l'actuel système, qui a incité les Récup'acteurs à se mobiliser : « Prenez un canapé de 1 m³, composé de bois, de mousse, de tissu, de plastique, préfère l'enterrer intégralement car cela coûte moins cher que de le démonter. En 2008, en Périgord noir, on a ainsi enfoui 4 655 m3 de matelas et de canapés. »
Pour Philippe Melot, président du Sictom, le syndicat n'a jusqu'à présent pas eu le choix. « Jusque-là, il n'y avait aucune filière de recyclage pour ce type d'encombrants. Il existe dans les déchetteries des containers spéciaux que l'on vide régulièrement à Milhac. La suite n'est pas de notre ressort. » L'enfouissement coûte chaque année au syndicat 2 millions d'euros.
En toute logique, Philippe Melot accueille positivement ce projet synonyme d'économies. Une convention devrait être signée prochainement avec l'association, qui entend tirer une contrepartie de son activité de tri.
Trois emplois créés
Le projet environnemental des Récup'acteurs se double d'un volet social. Trois emplois devraient être créés en 2009. Des contrats aidés seront proposés à des personnes en voie de réinsertion professionnelle. « À terme, l'objectif est de transformer l'association en société coopérative. L'activité doit être rentable et ne doit pas se contenter des subventions pour vivre.
La première ressourcerie du genre, créée en 1984 dans l'Oise, embauche aujourd'hui quatorze personnes », note Bertrand Gazel.
Selon lui, l'écologie doit dépasser la sphère associative. « La valorisation des déchets est source d'emplois. Elle doit être pensée comme une activité économique à part entière. »
Les travaux d'aménagement du hangar devraient débuter en juin, après l'obtention d'une subvention du Fonds social européen. La collecte, elle, commencera dès septembre.
(1) Il existe une soixantaine de recycleries de ce genre en France, dont deux en Dordogne : Le Tricycle enchanté à Bourdeilles, et Les Techniciens du coeur au Coux.
Auteur : Séverine Lamarque
s.lamarque@sudouest.com
Les Récup'acteurs